2020 aura été une année très difficile. Selon certains médias internationaux, parmi eux, France Culture, elle aura été la pire des années.

Le Ministère de la Culture et de la Communication note en effet, avec peine, qu’un véritable fléau s’est abattu sur notre planète, mettant ainsi les humains en cavale, les libertés individuelles en échec et les économies nationales en déroutes.

Désormais, tout est à refaire. Tout est à repenser. Avec Paul Valéry, on va devoir réapprendre la leçon suivante que, nous autres, civilisations, nous sommes mortelles.

La santé, ce premier des biens sacrés, a été mise à mal partout. Rien de plus douloureux pour une femme, pour un homme ou pour un enfant, d’être obligés de compter strictement sur l’ordre public pour exister. Rien de plus dur pour un être humain de ne pas pouvoir vaquer librement à ses occupations, de voir souffrir un proche sans pouvoir l’aider. Voire même, de constater, absolument impuissant, qu’une horrible pandémie mette en défi presque tous les grands systèmes de santé, selon que nous soyons puissants ou misérables…

Pourtant, il y avait la peste au Moyen Age.
Il y avait la tuberculose ou la grippe espagnole plus récemment. Il y avait les années des Grandes Guerres avec leurs blessés et leurs millions de morts. Il y avait et il y a toujours le SIDA…

C’est que l’humanité n’arrête pas de souffrir. Et cette souffrance, si l’on se met constamment à l’école du poète, Aimé Césaire, ne peut pas ne pas nous interpeller…

« Et mon corps aussi bien que mon âme,
gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle. Une femme qui crie n’est pas un ours qui danse… »

2020 nous aura mis tout cela à la fois, en mémoire, et la pandémie de la covid-19, en particulier, nous aura ainsi cloitrés, confinés purement et simplement, pour mieux prendre le temps de penser à soi même, et à l’autre.

Le Ministère de la Culture et de la Communication gardien des valeurs liées à la création, à la créativité, à la liberté d’expression, à la liberté de penser, à la liberté de parole et à la liberté de la presse, réalise que les artistes et les journalistes, au cœur de toutes ces libertés qui nous échappent parfois, en dents de scie, ont bel et bien réussi, chez nous, à relever le défi.

« Pendant que je restais en bas, dans l’ombre noire. D’autres montaient cueillir le baiser de la gloire ».

Cette formule de Cyrano de Bergerac reprise au 19e siècle dans l’oeuvre d’Edmond Rostand, n’a jamais été aussi puissante que sur notre sol où la bataille contre la pandémie était nécessaire pour survivre à cette défaite quasi universelle des politiques publiques. Ceci, pas de doute, nous a permis en Haïti, de maintenir, encore aujourd’hui, la tête hors de l’eau par rapport à la pandémie.

Or, il n’est pas question de crier victoire. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’annonce pas de jours meilleurs, les voyages ne sont pas toujours conseillers, les rencontres interpersonnelles non protegées doivent être évaluées. Nous devrons vivre en état d’alerte permanent et suivre religieusement les consignes des autorités sanitaires.

En attendant ce vaccin, ces traitements médicaux appropriés qui arriveront sans doute, au delà des travaux des scientifiques, le respect absolu des mesures barrières se présente comme la seule issue. Ainsi va le monde …

Toutefois, pour l’instant, les artistes et les journalistes, parmi nous, ont été au premier plan de la lutte contre la pandémie du Coronavirus. Le Ministère de la Culture et de la Communication croit nécessaire, en cet instant de tous les bilans, de leur rappeler, qu’ils ont réussi, avec les efforts orchestrés par le gouvernement et par l’Etat, à transformer en lumière, cette “ombre noire” de Cyrano de Bergerac.

Aussi, notre pays, parmi tant d’autres qui souffrent actuellement et avec lesquels nous vouons tout un devoir de solidarité et de sympathie, possède encore, à l’aube de 2021, un contrôle plus ou moins organisé sur la Covid-19.

Pendant que toutes les populations peuvent se mettre à fêter, le travail de sensibilisation contre la pandémie a été garanti par les journalistes, les patrons des médias, les producteurs, les techniciens de l’audiovisuel, des réseaux sociaux et des médias en lignes, les travailleurs de la presse, les opérateurs socio-culturels, les organisateurs, les promoteurs d’événements. De quoi demain sera -t-il fait ? On ne sait pas tout.

Sauf que, par ailleurs, tandis qu’au plus haut niveau de l’Etat et du Gouvernement, les défis sont énormes quant à la poursuite du processus d’électrification du pays, aux réformes constitutionnelles et aux enjeux électoraux de 2021-2022 qui sont une garantie pour toute stabilité à venir ou à long terme, le Ministère de la Culture et de la Communication prépare de son côté, la voie à la pérennisation des actions de l’institution ministérielle, avec la mise en place d’un haut commissariat du patrimoine, le décret enfin, après 26 ans, portant création du Ministère de la Culture et de la Communication, le plan d’implantation des industries culturelles et créatives, les réflexions et les actions envisagées avec l’OIF, Organisation internationale de la Francophonie, sur la condition socio-économique et le statut socio- professionnel des artistes et des écrivains.

Au passage, certains progrès ont été observés qui méritent d’attirer notre attention :

  • Le sens numérique collectif est plus affiné.
  • Les débats et la production artistique virtuelle augmentent avec une incidence positive majeure sur les spectacles et les arts musicaux.
  • La liberté d’opinion se renforce, souvent chaotique, mais toujours nécessaire à la démocratie.
  • La proximité dans le confinement est devenue une manière d’alternative.
  • Des groupes culturels ou artistiques, des artistes aussi, ont émergé en pleine Covid-19.

Pour finir, le Ministère de la Culture et de la Communication qui n’a pas cessé durant toute la saison passée, de faire la promotion d’une véritable culture de la paix, du dialogue et du vivre ensemble, félicite sans équivoque les artistes et les travailleurs de la presse, tout en leur renouvelant sa ferme volonté de continuer à travailler avec eux. Tantôt, ils constituent en réalité les poumons du secteur culturel et artistique, tantôt aussi, ils sont tout simplement les vigiles de notre nation.

Port-au-Prince, le 31 décembre 2020

Pradel HENRIQUEZ
Ministre.