Port-au-Prince le 10 septembre 2021.- À Jérémie, nous avons un Titan en la personne de Maurice Léonce, qui fait le pont entre nous aujourd’hui, et qui se tient bien ferme sur ses jambes d’homme de cent ans, pendant que les piliers du pont Grand-Anse sont en défaillance à 75 ans près.  

On a souvent vu ces derniers temps, dans les Jeux Olympiques, des coureurs et coureuses de fond recevoir les honneurs qui leur sont dus, pour s’être distingués sur un circuit, du point de départ au point d’arrivée. Cependant, ils sont très rares dans le vaste monde ces marathoniens qui peuvent courir, sans s’éreinter, les 100 mètres haies de la vie. C’est-à-dire, venir au monde comme point de départ et atteindre les 100 ans comme point d’arrivée, et plus encore. 

Il faut être un sacré sportif comme Maurice Léonce pour en arriver là, sans aucun handicap majeur. 

Ce marathonien hors-pair dans la course de la vie, dont nous célébrons les 100 ans accomplis aujourd’hui, c’est quelqu’un qui a enjambé la rivière Grand-Anse beaucoup plus de fois que le pont lui-même, alors qu’il n’a que deux pieds, et que ce pont en a douze, s’il faut en croire le poète Jean Fernand Brierre qui le comparait à un alexandrin, vers de douze pieds, dans un très beau discours, lors de l’inauguration de cet ouvrage d’art, en 1950, il y a environ trois quarts de siècle. 

C’est cet homme, plein de vigueur dans son grand âge, que le ministre de la Culture et de la Communication, Monsieur Jean Emmanuel Jacquet, veut honorer pour les loyaux services rendus à la nation haïtienne. 

Il faut s’appeler Maurice Léonce qui, toute sa vie, a eu le sport comme béquille psychologique, pour mériter un tel hommage vivant. Et le Ministère de la Culture, garant de la mise en valeur des composantes patrimoniales haïtiennes, salue avec déférence l’imposante personnalité de Maurice Léonce, ce patrimoine humain vivant de dimension nationale et internationale.  

À lui soit l’honneur !

Photo: Explorer Haiti