Port-au-Prince, le 8 juin 2017.- Invité à s’associer, au nom du Gouvernement haïtien, au panel d’ouverture de la 3ème Conférence Mondiale sur la Reconstruction, à Bruxelles du 6 au 8 Juin 2017, le ministre de la Planification et de la Coopération externe, Me Aviol FLEURANT, a présenté les leçons apprises des désastres naturels en démontrant comment celles-ci peuvent être utilisées pour renforcer la préparation et la réponse å des catastrophes futures et mettre en œuvre le relèvement. Il a, d’entrée de jeu, campé Haïti comme un pays dont quatre-vingt-seize pour cent (96%) de la population vit constamment sous la menace d’au moins deux (2) aléas. « Haïti, a-t-il dit, regorgée de richesses naturelles, de potentialités diverses et de grandes opportunités de développement, est, en revanche, le 3ème pays le plus touché au monde par les évènements climatiques, et celui qui subit le plus grand nombre de catastrophes par kilomètres carrés dans les Caraïbes. Haïti a été traversé par cinquante-six (56) désastres internationalement reconnus, dont vingt (20) catastrophes majeures au XXe Siècle et quatre (4) au cours de la dernière décennie ». Il a évoqué, d’une part, le séisme du 12 Janvier 2010 ayant tué 220 mille personnes et provoqué des destructions d’une valeur équivalant å 120% du PIB ; d’autre part, le cyclone Mathieu qui a touché 2,1 millions de personnes, affecté 32% du PIB et provoqué des dommages et des pertes de l’ordre de 2,78 milliards de dollars ainsi que des besoins de 2,72 milliards de dollars.

Selon le Ministre, si l’une des leçons apprises consiste å investir dans la préparation et la coordination de la réponse, en cas de catastrophe, en plaçant le risque au cœur des politiques publiques et en associant celui-ci dans la conception et la mise en œuvre des instruments de planification (Plans communaux de Développement, Plans d’Urbanismes, Plans de Prévention des risques, Plans de Réduction des Risques, schémas d’aménagement du Territoire), il n’en demeure pas moins que « la mobilisation des ressources pour le financement du relèvement post-catastrophe demeure la question épineuse dont la réponse ne semble pas rentrer dans les priorités de la Communauté internationale et des Bailleurs ». Une audience toute émue, aux couleurs mosaïques, composée notamment des pays d’Afrique, Caraïbes, Pacifique (ACP), a paru acquiescer au point soulevé par le Ministre FLEURANT.

Le ministre du Plan a déclaré que l’Administration politique MOISE-LAFONTANT entend intégrer la notion de « RISQUE » dans la planification du développement. Il a martelé, en prenant l’exemple du Japon qui est exposé aux risques sismiques et volcaniques, que « le risque ne compromet pas le développement dans la mesure où on l’intègre dans les politiques publiques. Ce n’est pas une fatalité ; il permet de mieux planifier le développement ».

Le titulaire du MPCE, dans sa conclusion, a souligné que « le Gouvernement conçoit de nouvelles politiques de prévention et de gestion des risques et désastres et veille à ce que celles-ci soient systématisées, déclinées sur les plans régional, départemental, local et qu’elles soient appropriées tant par la société civile que par le citoyen ». Il a rappelé que le Gouvernement s’est approprié le PDNA (Post Desaster Needs Assessment / Evaluation des besoins post-catastrophes pour le cyclone Mathieu) puisque, d’une part, le relèvement post-Mathieu est inscrit dans la lettre de cadrage du ministère de la Planification et de la Coopération externe et que, d’autre part, une ligne budgétaire pour le relèvement a été inscrite dans l’avant-projet de Budget rectificatif 2016-2017. Il a convié la Communauté internationale å un dialogue franc, å un exercice qui tient compte du « statut différencié des Pays Moins Avancés (PMA) ». Ainsi, dit-il, ce n’est pas tant, après catastrophe, de voler au secours dans un élan humanitaire (ce qui est bien), plutôt d’apporter la contrepartie pour la conception au profit des Communes des instruments de planification (PCD, PU, PPR, PRR), ce qui permet de cartographier les risques, prévenir les désastres et faire reculer la vulnérabilité. Tout ceci constitue un préalable å tout investissement d’importance. Il s’agit surtout de faire articuler, comme le demande l’administration politique haïtienne, les programmes-pays et projets conçus å l’international autour des priorités gouvernementales (Agriculture, Tourisme, Environnement, Aménagement du territoire, etc.). Ainsi, construira-t-on la résilience et Haïti sera-t-elle émergente à l’horizon 2030.