Port-au-Prince le 28 février 2023.- « Lorsque les choses ne vont pas dans un pays et qu’il semble avoir perdu son sens de la promesse de l’histoire, en dépit de tout, des jeunes choisissent le chemin de l’école dans le but de transmettre de la connaissance à l’avenir. Cela veut dire que, malgré tout, l’école a un sens dans le pays. Je pense qu’il y a de l’espoir », a déclaré le ministre de l’Education nationale à l’occasion de la cérémonie d’accueil de la 20e promotion du Centre de formation pour l’école fondamentale (CFEF) de Port-au-Prince.

En effet, cette nouvelle cohorte, composée de 120 jeunes dont 35 filles aspirant à devenir enseignants et enseignantes, a été accueillie dans une ambiance festive, lors de cette cérémonie déroulée, ce mardi 28 février 2023, à l’hôtel Kinam II (Pétion-Ville), en présence, entre autres, de plusieurs cadres du Ministère de l’Education nationale et de représentants pédagogiques et administratif du CFEF.

Le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, le professeur Nesmy Manigat, a tenu à féliciter ces 120 jeunes pour avoir décidé de s’inscrire dans cette voie visant la transmission de connaissances en dépit d’un contexte social difficile poussant plus d’un au découragement et à l’émigration.

Le ministre Manigat a profité de l’occasion pour mettre l’accent sur la nécessité de doter le système éducatif haïtien d’enseignants et d’enseignantes qualifiés, capables d’assurer, tout d’abord, aux niveaux préscolaire et fondamental l’application du curriculum d’une éducation multilingue basée sur la langue maternelle.

Cette cérémonie d’intégration de la nouvelle cohorte d’étudiants du CFEF était une nouvelle opportunité pour le ministre Manigat de revenir sur le chantier de la consolidation de l’école fondamentale, qui comprend trois volets.

Le volet de pilotage confié suivant les stipulations de la loi organique du ministère à la Direction de l’enseignement fondamental (DEF), à laquelle est adjointe la Coordination des EFACAP chargée de l’expérimentation de l’innovation pédagogique à travers des réseaux d’écoles.

Le leadership pédagogique unique mettant fin à la séparation arbitraire de l’école fondamentale en deux niveaux : le niveau de la 1ere à la 6eme année fondamentale, et le niveau de la 7e à la 9e année fondamentale. Conformément à la lettre et à l’esprit de la Réforme Bernard, l’école fondamentale couvre neuf années d’études et doit être gérée comme telle, a fait remarquer le titulaire de l’Education nationale.

La troisième dimension de ce chantier se rapporte à la connexion qui doit être établie entre le préscolaire et le fondamental, même si cela appelle tout naturellement à une réingénierie du curriculum des écoles de formation des maîtres dont le CFEF. Avec l’accompagnement des experts nationaux et internationaux, on peut ouvrir et conduire ce chantier dans l’idée d’installer les compétences nécessaires chez les monitrices du préscolaire et chez les maîtres de l’école fondamentale, a soutenu le ministre Manigat.

Cette connexion entre le préscolaire le fondamental doit être considérée comme une priorité nationale, promue et soutenue lors du Sommet sur la transformation de l’éducation (tenue le 19 septembre 2022, aux Nations Unies, New York) et la Conférence mondiale sur l’éducation préscolaire et la protection de la petite enfance (tenue du 14 au 16 novembre 2022, à Tachkent, Ouzbékistan).

Au sujet des requêtes formulées par le directeur du CFEF en faveur des étudiants-maîtres, le numéro Un du ministère de l’Éducation nationale a indiqué que le nécessaire sera fait pour les accompagner, en fonction des disponibilités budgétaires. Aussi, « le MENFP prend l’engagement de continuer à accueillir et à encadrer les professionnels qualifiés pour le système éducatif et d’accorder une attention plus soutenue à la condition enseignante’’, a rappelé le ministre Manigat.

Plaçant quelques mots au nom du directeur général du MENFP, Dr Meniol Jeune, le coordonnateur Dénès Métellus a salué la volonté de ces 120 jeunes d’embrasser la carrière enseignante. Ils seront d’un grand apport à l’amélioration de la qualité de l’éducation, a-t-il souligné tout en reconnaissant que l’école haïtienne souffre d’un déficit d’enseignants qualifiés ; ce qui affecte négativement le rendement scolaire des apprenants.

Pour sa part, le directeur du CFEF a rappelé comment il est important pour le système éducatif de disposer d’enseignants bien formés ; des enseignants qui se projettent comme acteurs de la transformation de l’éducation.

« Transformer l’éducation serait une utopie sans la consolidation de l’éducation préscolaire, sans la consolidation de l’école fondamentale et sans la consolidation de l’école secondaire, et même, sans la restructuration et la redynamisation des EFACAP devant accueillir puis retenir des diplômé.e.s du CFEF pour faire carrière dans la fonction publique », a poursuivi Jacques Ronald Jean, estimant, par ailleurs, que « toute action de transformation du système éducatif haïtien ne tenant pas compte de la réalité sociale, culturelle et linguistique d’Haïti serait un vœu pieux ».

La cérémonie d’accueil de la nouvelle promotion du CFEF s’est achevée avec une conférence-débat animée conjointement par Khadim Sylla (Coordonnateur du Secteur Education de l’UNESCO en Haïti), Ariana Valcarce (Spécialiste de l’Education préscolaire à l’UNICEF, Haïti) et Mérona Laguerre [Directrice du Bureau de gestion de l’éducation préscolaire (BUGEP/MENFP)]

Khadim Sylla a traité de « La qualité de l’éducation au cœur des politiques de transformation de l’éducation ».

L’intervention d’Ariana Valcarce était consacrée au « Préscolaire comme axe de transformation du système éducatif ».

Quant à Mérona Laguerre, elle a échangé avec l’assistance autour « Des impacts potentiels de la consolidation de l’éducation préscolaire sur la qualité de l’éducation en Haïti ».

Le Centre de formation de l’école fondamentale (CFEF) a été créé par décision ministérielle en date du 10 juin 1999. Le Centre a, entre autres, pour mission, de former initialement des enseignants bivalents et polyvalents pour les trois cycles de l’école fondamentale, des conseillers pédagogiques et des directeurs d’école fondamentale.

Bureau de communication MENFP